LE MAÎTRE DONNE LA LEÇON
Roger Federer a remporté le Masters de Shanghai. Le Suisse s'est imposé dimanche en finale face à l'Espagnol David Ferrer (6-2, 6-3, 6-2) et s'adjuge ainsi le 53e titre ATP de sa carrière.
La même rengaine, presque inlassablement. Pour la quatrième fois en cinq ans, la photo du vainqueur du Masters affiche le visage souriant de Roger Federer. Si David Nalbandian était parvenu à rompre l'hégémonie du maître en 2005, David Ferrer n'a lui pas réussi à créer pareille surprise. L'Espagnol a bouclé sa première participation au tournoi final de la saison, contre six pour Federer, en perdant l'euphorie qui l'avait gagné au fil des jours passés en terre asiatique. Capable de s'adapter au jeu de Nadal et Djokovic, dauphins de Federer au sommet de la hiérarchie mondiale, et de les vaincre, le Valencian n'a pu faire de même contre le n°1. Car l'autorité du maître a semblé à tous les instants trop forte pour être mise en doute.
Ferrer, le réveil brutal
Dès les premiers échanges, le contraste apparaît. Oubliées la légèreté et l'insouciance, Ferrer affiche un visage plus sombre, crispé. Il dispute seulement la neuvième finale de sa carrière, et la première de cette importance. Ses coups sont moins tranchants. L'Espagnol peine à donner de la longueur à ses balles. Et la force sur laquelle repose son jeu, la relance, a trouvé face à elle un mur. Federer a encore su faire étalage de sa palette technique. Toujours au bon moment, et sans se départir de son aisance naturelle. Une balle un peu courte de la part de Ferrer, et le Suisse gagne du terrain pour conclure au filet. À une attaque de l'Espagnol, il répond par une accélération encore plus vive. Les points basculent donc inexorablement en faveur de Federer. La première manche ne tarde pas à connaître son terme (6-2).
Le regard noir, Ferrer cherche un second souffle. Se voulant plus agressif sur le service adverse, le 6e joueur mondial ne parvient pas à en lire les trajectoires. Federer sait, comme à son habitude, trouver la ligne médiane quand le besoin s'en ressent. Ou lorsqu'il veut mettre plus rapidement un terme aux débats. La deuxième manche porte des traits similaires à la première, les jeux défilent du côté du Suisse. Ferrer peine, Federer vole. Puis il s'envole définitivement au tableau d'affichage, en faisant le break à 3-3 et encore à 5-3. L'Espagnol retombe sur terre. Un retour à la réalité qui lui sert de déclic.
Enfin libéré, le tombeur de Roddick en demi-finales lâche ses coups et se montre plus mobile sur le court. À plusieurs reprises, il prend l'ascendant dans les échanges. Mais cela ne se concrétise pas au score. Très solide dans sa défense de fond de court, Federer profite du manque d'aisance de son opposant au filet pour lui asséner un passing ou le contraindre à une volée compliquée. Comme sur le service de l'Espagnol, alors mené 1-2, qui veut recoller au score mais voit toujours la balle revenir. Il concèdera finalement sa mise en jeu, en même temps qu'il dira au revoir à ses dernières illusions (6-2). En huit confrontations, Ferrer n'a donc jamais battu Federer. Il ne réussira pas non plus l'exploit de remporter le Masters dès sa première participation. Mais ça, même le maître n'y était pas parvenu (en 2002). - J.Te.